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Un certain
Nicolas Rolin...
1440 :
face à la détresse d'une population marquée par la guerre de Cent Ans, Nicolas Rolin,
Chancelier du Duc de Bourgogne Philippe Le Bon, et son épouse Guigone de Salins décident
la création d'une fondation pieuse. Admiré pour ses actions administrative, politique et
financière, Rolin acquiert une véritable dimension humaniste en faisant bâtir un
hôpital pour les malades et les déshérités. L'Hôtel-Dieu était créé. Cette
uvre sociale sans équivalent eut très vite un large écho, bien au-delà des
limites du duché. L'institution est hélas objet de convoitise, et son
fondateur, soucieux d'en conserver l'indépendance, avise Philippe Le Bon de la
situation. Il obtient ainsi par lettres patentes l'exonération de toutes charges fiscales et
féodales, ainsi que de toutes autres prestations de services ou d'impôts envers la
maison ducale. La protection de l'Hôtel-Dieu est ensuite remise au Tout-puissant, le Pape
Eugène IV plaçant l'uvre de charité sous la tutelle du siège épiscopal, par
brève datée du 8 septembre 1441. Affranchi du joug des évêques d'Autun et de toute
autre coercition cléricale, l'hôpital jouit ainsi d'une totale liberté.
4 août 1443 : la fondation de l'Hôtel-Dieu de Beaune est officiellement proclamée
par acte solennel. Le texte ne laisse aucune ambiguïté sur la mission de l'Hôtel-Dieu :
''Moi, Nicolas Rolin (...), en reconnaissance des grâces et des biens dont Dieu, source
de toute bonté, m'a gratifié ; dès maintenant, à perpétuité et irrévocablement, je
fonde, érige, construis et dote dans la ville de Beaune, au diocèse d'Autun, un hôpital
pour la réception, l'usage et la demeure des pauvres malades, avec une chapelle en
l'honneur de Dieu Tout-puissant et de sa glorieuse mère la vierge Marie, à la mémoire
et à la vénération de Saint Antoine, abbé, dont il portera le nom et le vocable, en
lui donnant les biens propres que Dieu m'a concédés''.
Dans un souci légitime de protection, Sire Rolin précise les missions de son uvre
: ainsi chaque matin ''devra être donné du pain blanc aux pauvres demandant l'aumône
devant la porte du dit hôpital''. Tout est mis en uvre pour que gens de peu "y
soient reçus, alimentés et soignés, aux frais du dit hôpital, jusqu'à ce qu'ils
soient revenus à la santé ou en convalescence''.
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1er
janvier 1452 : le premier patient est accueilli dans les murs. Fondateur,
Nicolas Rolin se voit naturellement confier la surintendance de l'administration.
Une fonction qui lui permet de fixer la quasi-totalité des tâches administratives
(conditions d'engagement des prêtres, règles de travail et d'accueil, montant du
revenu annuel de l'hôpital, etc.).
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31 août 1459 : cette organisation est
codifiée par la proclamation d'une charte réglementant la gestion complète de
l'Hôtel-Dieu, toujours en vigueur de nos jours. Cette charte ne fut
assujettie qu'à une condition : que la fonction de surintendant soit héréditaire
sur sa lignée. Une clause respectée jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. En
contrepartie, les Rolin renoncent à toute propriété ou revenu des biens appartenant à
l'Hôpital. C'est ainsi que Jean Rolin succéda à son père en 1462, à la mort du
chancelier.
1789 : Source de troubles, la
révolution concourt à la déprédation. Rebaptisé Hôpital d'Humanité,
l'Hôtel-Dieu connaît des difficultés financières ; la situation se détériore avec la
destruction de la verrière surmontant l'autel principal de la chapelle, et la
profanation de la sépulture de Guigone de Salins. Fort heureusement, les choses rentrent
peu à peu dans l'ordre.
1810 : un décret napoléonien
restaure l'intégralité du statut des religieuses, déchu dans la tourmente
anti-cléricale de 1792. Protégé depuis sa fondation des convoitises personnelles et
étatiques et ce, grâce à l'énergie et à l'esprit d'organisation de Nicolas Rolin,
l'Hôtel-Dieu a réussi - non sans mal ! - à traverser les siècles et à poursuivre sa
mission caritative.
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